Prise de conscience de mon travail de créativité par Josée Hatin – 19 mars 2002

Prise de conscience de mon travail de créativité par Josée Hatin – 19 mars 2002

Au début, je m’abandonne à mon énergie. Je laisse entrer la puissance de l’inspiration. Je me laisse aller. Je me centre sur ce que je fais. J’éprouve un sentiment de liberté, d’innocence … Je peux être moi-même dans tous les sens du terme, sans avoir à tenir compte de quoi que ce soit, d’aucune règle. J’ai l’impression d’entrer de plus en plus en contact avec moi-même. Je reste centrée et je laisse aller ma main sur ce que je commence. Souvent, je ne sais pas ce que je vais faire

J’ai l’impression que je plonge dans une mer profonde sans fin. Plus je descends, plus je prends contact avec elle. Cette mer si sensible, si pleine d’amour où rien n’est négatif ni impossible m’enveloppe. J’oublie le réel, le quotidien, l’heure, les soucis, mes peines, mes souffrances et même j’oublie de fumer. Je suis là où l’espoir règne. C’est ma source, mon refuge…

Soudainement, j’éprouve la sensation que ce n’est pas moi qui crée mais quelqu’un d’autre. Une partie de moi m’est seulement accessible. Je ne veux pas la dévoiler aux autres car c’est mon essence ; je la protège. Elle est nue devant moi et sans aucune protection. Au fur et à mesure que mon œuvre se dessine sous mes doigts. J’ai l’impression que mon œuvre veut me livrer un message que je ne comprends pas encore mais que je dois transmettre à l’humanité

Je me sens en harmonie. Il n’y a que moi et ce qui se passe. Je suis en fusion avec cette mer, mon âme, ma tête mon cœur… Ma main me guide. Je la suis. Je suis en transe. Je continue de travailler ; pour moi ce n’est pas du travail car j’adore…

Les formes, les couleurs me parlent ; je les installe à ma guise. Je crée ce que je perçois. Souvent, j’ai l’impression que ce sont les formes, les couleurs qui choisissent leurs places. Elles se révèlent à moi ; je les ressens. Pourquoi une couleur une forme à ce moment-ci ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est qu’il faut que ce soit comme ça à cet instant. J’ai de la difficulté à arrêter de créer car je voudrais toujours rester dans cet état. Mes yeux regardent ce que je fais.

Finalement, je laisse ma création pour vaquer à d’autres occupations. J’ai remarqué qu’à mon retour, en continuant à travailler sur cette œuvre, je retrouve la même intensité, le même sentiment. Je m’imprègne de cette sensation. Je suis envahie par cette douce mer. Je continue le travail commencé comme s’il n’y avait pas eu de coupure entre elle et moi.

Puis enfin j’ai réussi ; mon œuvre est terminée. Comment le sais-je ? En la regardant, je sais que je n’ajouterai rien et que je ne changerai rien. Tout est là ; tout est dit. Par la suite, je l’expose à un endroit où je peux l’admirer. Je la regarde longuement. Je suis encore en fusion avec elle jusqu’à ce que j’en commence une autre. La nouvelle m’attire plus. Elle m’appelle.

Quand je regarde mes œuvres du passé. Je revois toute ma vie, mes souffrances, mes joies … Je suis toujours en contact avec elle.